La Montagne 11 mai 2021

 

Clermont-Ferrand : condamnée pour avoir harcelé son ancienne amie de chasse aux Pokémon



La prévenue et sa future victime s’étaient rencontrées en 2019, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), via un groupe de « chasseurs » de
Pokémon. Mais leur relation amicale avait vite dégénéré, sur fond de rivalité amoureuse…

« Au niveau de l’intelligence, ce dossier est au ras des pâquerettes. Mais en termes de méchanceté, il est effrayant. » En deux phrases, le procureur de la République, Laure Lehugeur, a ainsi résumé l’affaire, pour le moins inhabituelle, qui valait à une femme, aujourd’hui âgée de 57 ans, de comparaître devant le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand.

Entre juin et octobre 2019, à Clermont-Ferrand et Chamalières, cette quinquagénaire jusqu’ici sans histoires avait harcelé quasiment sans relâche une jeune femme rencontrée via… la chasse aux Pokémon Go.

L'« amitié de jeu » n'a pas duré...

Les deux femmes avaient d’abord sympathisé, mais cette « amitié de jeu » avait été mise à mal lorsque la plus jeune avait entamé une relation affective avec un homme appartenant à ce même groupe de chasseurs de petits monstres virtuels. Or, le monsieur en question était ami, depuis une quinzaine d’années, avec la prévenue.

« Du jour au lendemain, dès qu’ils se sont mis ensemble, il a arrêté de me parler, il m’a bloquée sur les réseaux sociaux, sans aucune explication. Et ça m’a fait très mal », ressasse la quinquagénaire à la barre du tribunal. Elle admet même que cette situation l’a rendue « méchante ». Au point de faire vivre un véritable enfer à sa « rivale ». Pendant plusieurs semaines, elle multiplie alors les messages insultants et malveillants sur les réseaux sociaux et par téléphone, dégrade les serrures de la voiture et du garage de la victime (même si elle nie ces derniers agissements), la suit et l’insulte dans la rue, la menace avec un flacon rempli de liquide corrosif… Un premier coup de semonce judiciaire, sous la forme d’une convocation devant le délégué du procureur, assortie d’une composition pénale, en septembre 2019, n’y changera rien : la prévenue continue de harceler sa proie avec acharnement jusqu’en octobre.

« Je veux juste retrouver une vie normale, sans passer mon temps à regarder par-dessus mon épaule pour voir si elle ne me suit pas ou ne m’épie pas dans la rue, cachée dans des buissons, comme elle a pu le faire...».

LA VICTIME

Face au tribunal, il y a quelques jours, elle reconnaît finalement « la bêtise » de son comportement. « Je suis allée trop loin et je le regrette », admet-elle. Non sans glisser aussitôt, un peu revancharde, que la victime lui a « aussi fait du mal ». Une position qui fait immédiatement bondir l’avocate de la partie civile, Me Karine Léchelon. « N’inversons pas les rôles ! », coupe-t-elle. « Ma cliente, qui est bien la victime, dans cette affaire, est, aujourd’hui encore, très affectée par ces agissements, qui pourraient être du niveau d’une cour d’école, mais avec des conséquences particulièrement graves ».

« Ce comportement est d’un ridicule achevé, a ensuite estimé Laure Lehugeur. Mais tout cela est allé beaucoup trop loin. La prévenue a littéralement empoisonné la vie de la victime et cela ne doit plus se reproduire. » Tout en lançant un « avertissement solennel » à la quinquagénaire, elle a requis six mois de prison avec sursis.

« C’est l’émotion qui a dicté ses réactions »

En défense, Me Yann Fauconnier a indiqué que « c’est l’émotion qui a dicté les réactions » de sa cliente. « Elle n’était sans doute pas dans son état normal au moment des faits. On se demande encore pourquoi elle a agi de cette façon. Ce que l’on comprend, néanmoins, c’est que la “trahison” de son ami de quinze ans a provoqué chez elle un véritable séisme. Ce dont elle a besoin, c’est surtout d’un suivi psychologique… ».

La quinquagénaire a été condamnée à six mois de prison assortis d’un sursis probatoire d’une durée de deux ans, avec obligation de soins et interdiction d’entrrer en contact, de quelque façon que ce soit, avec la victime. Cette dernière a également obtenu 389 euros de dommages et intérêts au titre du préjudice matériel et 800 euros en réparation des souffrances endurées.

Christian Lefèvre


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